TÉMOIGNAGE

L’équilibre

Asten Event 2022 - photo de groupe

J’aimerais parler culpabilité aujourd’hui. Mais pas n’importe laquelle. La culpabilité alimentaire.
Comme beaucoup, je suis entourée de media qui me font constamment douter de mon corps. Chaque soir, lorsque je fais face au miroir, j’ai peur de perdre mon affection et mon respect. J’ai été ronde, et je me suis tant détesté. Même après de longues années de stabilisation, j’ai le sentiment que je peux tout perdre en un instant. Je m’inspecte chaque jour dans le miroir, inquiète, comme si je pouvais à tout moment faire face à une inconnue.

Ce sentiment, nous le connaissons tous avec nos Diabètes. Rien n’est jamais acquis, et tout peut s’écrouler en une seule journée. Nous devons alors faire rapidement le deuil de nos victoires, et tout reconstruire.

Mon angoisse de reprendre du poids est quelque chose d’intense, mais elle n’est rien face à ma culpabilité glycémique. Lorsque je regarde mes résultats en fin de journée et que je sais que mes variations sont dues à des repas qui auraient pu être mieux composés, ce n’est même plus de la honte ou de la colère que je ressens, c’est du dégoût.

Après 24 ans de vie commune avec mon Diabète, j’ai bien compris que tout était une question d’équilibre. Trouver le bon dosage de l’insuline, le degré de routine qu’on accepte d’intégrer dans sa vie, le bon ratio entre plaisir de manger et bonne assimilation des glucides… On recherche un équilibre entre ce qu’on peut donner, et ce qu’il faudrait sacrifier.

Ce n’est pas une simple peur de prendre du poids qui me ronge, mais bien la peur de perdre la vie. Nous ne sommes pas éternels, mais en tant que DT1, nous souhaitons tous vivre le mieux possible, et le plus longtemps. Nos décisions ont toutes un impact sur le long terme, et c’est parfois dur de vivre avec cela.

Grâce aux innovations médicales et technologies, je suis devenue plus exigeante. Lentement mais sûrement, j’ai poussé mes objectifs plus loin en passant du désir de survivre à mes 40 ans à l’envie brûlante de toujours rester dans la cible. Mais à force de vouloir optimiser mes glycémies, j’ai commencé à dissocier ce dont mon corps avait besoin pour vivre, de ce qui était efficace pour obtenir une courbe plate. Sans manger, ma courbe n’était pas meilleure, elle était PLATE. La boucle fermée, mais aussi mes professionnels de santé m’ont heureusement sauvé de cette pente glissante. Se focaliser sur sa glycémie en négligeant le reste est une erreur monumentale, mais si courante.

Aujourd’hui, j’essaie de bien manger. Je me nourris exclusivement de produits frais, je ne grignote pas, j’évite au maximum l’industriel, et je fais beaucoup de sport. Pourtant, je cherche encore mes repères et ma routine. Parce qu’au moindre problème, je compense avec la nourriture. Parce que je ne prends pas toujours le temps de cuisiner… Parce qu’en ne fournissant pas à mon corps l’énergie nécessaire, je prends le risque de me jeter sur ce qui est gras et sucré. Parce que je ne suis pas parfaite….

Je crois que mon problème, c’est que je n’accepte pas les variations. Je ne veux que des lignes droites, sans exception et sans surprise, et que la vie, ce n’est pas une ligne droite. Et c’est encore moins un chemin sans difficulté. Que c’est dur de trouver l’équilibre.

Bref, je m’appelle Gisèle, j’ai 30 ans, et je cherche encore le mien.

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